Si la Convention avait compris qu’elle avait besoin d’une Garde brave et dévouée, ne reculant devant aucune nécessité politique, le Directoire également pouvait comprendre qu’une Garde spécialement réservée aux cinq chefs du gouvernement devenait une exigence politique, un élément de conservation et de dignité nationale.
L’article 166 de la Constitution de l’An III disait : « Le Directoire exécutif aura sa Garde habituelle, soldée aux frais de la République ; cette Garde sera composée de cent vingt hommes à pied et de cent vingt hommes à cheval.
Le Directoire sera constamment accompagné de sa Garde dans les cérémonies et marches publiques : celle-ci aura toujours le premier rang… »
Le 6 brumaire An IV (27 novembre 1795) la Garde du corps législatif, c’est-à-dire de la Convention, prit le nom de « Garde du Directoire exécutif. » Elle passa sans remaniement, si ce n’est que celui de changer ses boutons d’uniformes, au service du nouveau gouvernement. On y fit entrer des vétérans de l’armée du Rhin, de Sambre-et-Meuse, des Pyrénées et d’Italie. Des officiers éprouvés et capables, des enrôlés volontaires des divers départements ; une discipline et une science manœuvrière inconnue de sa devancière, la placèrent bientôt à la tête des régiments de l’armée. Le Directoire, sans le vouloir et sans le savoir, préparait ainsi la Garde Consulaire et la Garde Impériale.
Un arrêté du 13 vendémiaire An V (4 octobre 1796) réorganisa la Garde du Directoire et l’arrêté du 24 Vendémiaire (15 octobre) fixait les conditions d’admission dans cette Garde :
« Article 1er : Pour les officiers ; taille de 5 pieds 3 pouces au moins, 25 ans d’âge ; pour les sous-officiers et les gardes, tant à pied qu’à cheval, taille de 5 pieds 6 pouces au moins, et même âge que les officiers. »
Le général de division KRIEG était le commandant en chef et le général de brigade JUBE son commandant en second. L’officier porte-drapeau se nommait alors René LEMARROIS.
Maintenant, cette Garde était composée d’hommes d’élites et jamais choix ne fut plus équitable et plus sévère. Les membres désignés par l’arrêté du 8 Frimaire an V formeront plus tard le noyau de la Garde Impériale qui fera l’admiration du monde et tiendra à distance tous ses ennemis jusqu’à l’heure ultime.