Echo de campage
Monaco – Juin 2013
Le 5 au soir, la SBM de Monaco avait invité les grognards de Haute-Alsace à faire une prestation d’honneur pour une soirée sous l’égide d’« Ernst and Young TV».
Un aller-retour jusqu’à Monaco en pleine semaine, de mémoire de grognards, il me semble que cela ne s’est jamais fait. L’état-major donna rendez-vous à la troupe à Bollwiller le 5, à 5 heures 30. C’est ainsi que les uns après les autres, tous ceux qui avaient répondu présents, se présentèrent au car de l’équipe de France des Grognards. Tous les grognards ? Non. Un manquait à l’appel. 5 heures 32. Gérard commence à s’énerver. 5 heures 35, il fulmine, proche d’une crise d’apoplexie, invective tout le monde alors que les autres n’ont rien à se reprocher. « Je ne comprends pas. D’habitude, le secrétaire est là une heure à l’avance… » Jean-François essaie de calmer le président avec les mots justes dont il a le secret pendant que notre grenadier dormait du sommeil du juste justement au fond de son lit. Gérard, très énervé : « Celui-là, je ne peux plus le voir !» On l’assoit. On le calme. On attend. A 6 heures, Jean-François appelle notre amazone brevetée de hamac, Bertrand, pour ne pas le nommer, qui habite loin, très loin. « Ben qu’est-ce tu fais ? » « Je m’rase ! » Dit l’autre benêt de grenadier. « Ben, on est prêt à partir, nous ! » Silence inquiet et surpris dans la salle de bain bas-rhinoise. « Ben, c’était pas à 9 heures, l’rendez-vous ? » Qu’il dit son rasoir à la main, bête comme une poule qui aurait trouvé un couteau et qui ne saurait pas quoi en faire. « Bon ben tant pis. On part sans toi. » Et il raccroche. Du coup, sa gorge commença à se serrer et son cœur à battre plus que de raison. Quand, tout à coup Saint José, toute grâce et mansuétude, rappela notre grenadier lequel sanglotait comme un enfant pris en faute et tenant son doudou dans la main. « Combien de temps te faut-il pour aller à Saint-Louis ? » Demande-t-il. « Une-heu-re ! » Qu’il répond l’autre, le crétin des Alpes, le gastéropode des synapses au dysfonctionnement critique, l’intermittent de la raison, en hoquetant et en reniflant. « Bon, nous, il nous faut 3/4 d’heures. » L’ordre est compris. Les valises déjà prêtes, il se sèche les yeux, saute dans sa voiture et file vers le Suuuud. Le temps dure longtee-emps…comme dirait Nino Ferrer.
7 heures. Enfin, arrive le « génuflectant », l’histrion retardataire qui retrouve tout le monde et, selon les consignes du chauffeur, pardon, du conducteur, nous attendons encore ¼ d’heure pour démarrer notre voyage rapport au temps de conduite. Donc, notre grenadier n’était pas si en retard que ça. Gérard redevient serein tout doucement. Il est allongé au fond du car sous perfusion, un linge humide sur le front. L’œil hagard, il éructe un râle agonisant mais se calme. Cynthia, assise à ses côtés, range le thermomètre et lui tapote la main. « Lààààà ! Tu vois ! Il est arrivé ! Sage ! Câliiin ! »
Remis de toutes ces émotions, nous arrivâmes en fin d’après-midi sur les terres du prince Albert où nous retrouvâmes Fabien de la Dernière Fois, notre guide et accompagnateur. Nous prîmes nos loges à l’opéra Garnier et nous nous mîmes en place à 18 heures derrière ce magnifique bâtiment où se tenait la cérémonie officielle. Nous offrîmes à nos auditeurs ¾ d’heures de notre talent au début de celle-ci et 3 autres ¼ d’heures à la fin, le tout dans notre bel uniforme. Il faisait beau, l’acoustique était splendide, les décors somptueux, les robes du soir merveilleuses et les petits-fours excellents. Ce qui n’empêchait pas Philippe de mettre des pains. Gérard était remis. Il souriait enfin.
Puis, c’est vers 22 heures que nous déposâmes nos impedimenta dans le car et nous allâmes au « Sporting » de Monte-Carlo prendre un repas bien mérité. Il était tard mais nous étions attendus avec le sourire. Enfin, Fabien nous amena au Monte-Carlo Bay qui jouxte la célèbre salle de spectacle et où nos chambres avaient été retenues pour la nuit. Le lendemain, comme prévu, après le petit-déjeuner pris au calme, au bord de la mer, sous le soleil et sur la terrasse de l’hôtel, nous partîmes sur les coups de 9 heures. Mais là, c’était cette fois tout à fait normal. Bertrand s’était assis le premier dans le car et attendait tout le monde jurant mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus. Na !
Campagne