La mort de JB Bessières

Portrait gazette 88

 

La mort du maréchal Jean-Baptiste Bessières – 1er mai 1813

 

Il y a deux cent ans, le 1er mai 1813, à Weissenfels, le maréchal Jean-Baptiste Bessières (1768-1813) mourut, touché par le ricochet d’un boulet de canon qui le frappa en pleine la poitrine. Une mort qu’il avait prédite, selon son aide de camp. Jean-Baptiste Bessières, duc d’Istrie, était né dans le sud de la France et avait fait sa carrière dans les rangs de la Garde nationale. Il avait servi durant la première campagne d’Italie et s’était illustré à la bataille de Rivoli. En 1805, lorsque la Grande Armée fut créée, Bessières fut nommé à la tête de la Garde impériale et servit à la bataille d’Austerlitz puis en Espagne de 1808 à 1812. Au début de la campagne allemande, il avait été nommé à la tête de la cavalerie et ce fut lors d’un des premiers engagements qu’il a été mortellement blessé.

Ce ne fut pas le seul décès significatif ces jours-là, il y a deux cents ans : le 28 avril, à Dunzlau en Silésie, Mikhaïl Illarionovitch Koutousov mourrait d’épuisement, exténué par campagne de Russie et la maladie qui l’avait forcé à arrêter sa marche sur Dresde.

Le 2 mai, c’est le général prussien Gerhard Johann David Scharnhorst qui était mortellement blessé d’une balle au genou à la bataille de Lützen qui, mal soigné, le fera mourir de la gangrène deux mois plus tard.

Le 22 mai, ce sera Gérard Christophe Duroc, le grand maréchal du palais, qui venait d’être nommé sénateur et qui sera atteint d’un boulet de canon à la bataille de Mackersdorf lors de la poursuite après la bataille de Bautzen. Avec lui, ce sera le général François-Joseph Kirgener, baron de Planta qui succombera aux effets du même boulet qui emporta Duroc

En 1813, lorsque débute la campagne de Saxe, l’Empereur confia au maréchal Bessières toute la cavalerie de l’armée. Mais le 1er mai 1813, à la veille de la bataille de Lützen, à Rippach, juste entre Weissenfels et Lützen, tandis qu’il dirige une attaque près de Weissenfels, un premier boulet emporte la tête de l’ordonnance du maréchal, un chevau-léger lancier polonais. Peu après, un second boulet lui fracasse la main et transperce la poitrine.

bgha_p_n88_jbb-01Au matin du 1er mai, le maréchal aurait eu un pressentiment funeste. Il avait brûlé les lettres de sa femme qu’il avait, jusque-là, conservées pieusement et, ayant consenti, devant l’insistance de ses officiers, à prendre, à contre-cœur, une légère collation, il avait alors dit : « Au fait, si un boulet doit m’enlever ce matin, je ne veux pas qu’il me prenne à jeun ».

Ney venait de tourner le village de Rippach par la gauche et faisait face à une large plaine couverte de cavalerie alliée adossée à Lützen. Bessières arriva devant Ney qui lui dit : « Ah ! Te voilà ! Que viens-tu faire seul ? Vois ! Si ta cavalerie était ici… La bonne besogne ! »

– « Je viens de l’envoyer chercher, répondit-il à Ney, et elle va venir là, ajouta-t-il, en montrant la terre avec son doigt »

bgha_p_n88_jbb-02A ce moment, à 12 heures 55, une bordée d’artillerie fut lâchée qui atteignit notamment le maréchal de plein fouet, l’enlevant de dessus son cheval et le jetant à terre. L’ennemi exécuta une charge et Ney, tout en donnant ses ordres pour recevoir le choc fit enlever le corps agonisant que le colonel Saint-Charles emmena vers une maison voisine, celle d’un tisserand.

Saint-Charles lui ôta son épée et ne trouva dans ses poches qu’une montre et un mouchoir. Puis, il le couvrit d’une couverture. C’est alors que se présenta un aide de camps du maréchal à qui le colonel remit les effets personnels du mourrant et il s’en retourna à son poste près de Ney, laissant l’aide de camp pleurant auprès du mourrant. Il rendit compte ensuite au prince de la Moskova qui lui répondit : « C’est notre sort à tous. »

Napoléon, pour qui la mort de Bessières est une perte immense, dira : « Bessières a vécu comme Bayard et il est mort comme Turenne».

L’empereur dira également à son sujet: « Si j’avais eu Bessières à Waterloo, ma Garde aurait décidé de la victoire. »

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