La Baïonnette

Bayonette-p1000740A l’origine, c’est un artisan chinois qui inventa la première arme à feu portative, ancêtre du fusil, laquelle permettra, plus par le nombre que par la puissance, de bouter les Mongols hors de Chine et d’asseoir sur le trône impérial un paysan éclairé Zhu Yuanshan qui fondera la dynastie Ming au milieu du XIVe siècle. Cette arme allait changeait le cours de l’histoire de l’humanité et se répandit très rapidement jusqu’en Europe où, se perfectionnant sans cesse, elle allait donner naissance à l’arquebuse un siiècle plus tard.

L’arquebusier de l’ancien temps était un fantassin relativement vulnérable. La portée de son arme ne dépasse pas 50 mètres en assurant à peine plus d’un coup/minute et elle manque cruellement de précision.  Aussi était-il accompagné d’un piquier qui s’assurait de sa défense à l’aide d’une longue pique face à une charge de cavalerie. Plus tard, l’arquebuse cédera la place au mousquet. On en vient à remplacer le piquier par une « pique » particulière que l’on insère directement dans la bouche du canon toujours dans le but de maintenir à distance la cavalerie.

L’usage de ce type d’arme blanche d’un genre nouveau est déjà mentionné au début du XVIIe chez des mousquetaires à pied qui introduisent le manche de leur « soie de cochon » (fine lame d’épée) dans l’embouchure de leur mousquet. A noter que cette épée qui équipe le soldat de Louis XIV n’est déjà plus qu’un accessoire dont l’usage remontait au moyen-âge et dont les militaires avaient du mal à se séparer. Le sabre-briquet de l’empire en est une pure résurgence. Lui aussi était plus « décoratif » qu’utile tant et si bien qu’il n’équipera plus que les compagnies d’élites à la fin de l’Empire notamment en raison du coût de l’objet.

Pour en revenir à nos mousquetaires, l’origine de cette façon de faire remonterait à un événement fortuit. Au cours d’un des conflits paysans  qui agitaient nos campagnes au XVIIe siècle, ceux de Bayonne se trouvèrent à court de poudre et de projectiles. Ils fichèrent leurs longs couteaux de chasse dans les canons de leurs mousquets, confectionnant des lances improvisées qui prendra le nom de « bayonne » puis de « baïonnette ». Antoine Furetière, le poète-romancier et lexicographe du XVIIe siècle, mentionne dans son dictionnaire, commencé dès 1650 : « Bayonnette : dague, couteau pointu qui n’a que deux petites boutons pour garde et qui est venu originairement de Bayonne ».

Les premières baïonnettes étaient donc de type bouchon et possédaient une poignée cylindrique qui s’adaptait directement dans le canon. Le premier régiment à en être doté fut le Royal-Artillerie en 1671. Plus tard, on améliora le système en transformant la baïonnette-bouchon en baïonnette à tenon laquelle efface la lame de l’embouchure du canon. La baïonnette se fixe sur l’extérieur du canon par un logement en forme d’anneau permettant au fantassin de se défendre et de faire feu en même temps. Les mousquets tirant à peine mieux que son prédécésseur, la baïonnette devint le complément indispensable face à une charge ennemie dans la zone utile de l’arme à soit une centaine de mètres guère plus.

Après l’arquebuse et le mousquet, vient le fusil qui permet de tirer trois coups/minutes. L’arme est introduite en France sous Louis XIV en 1689 lors de la grande réforme de l’armée royale menait par Michel Le Tellier marquis de Louvois. Ce dernier n’y était d’ailleurs pas favorable en raison du coût élevé. Le fusil modèle « 1717 », plus « précis », plus fiable et d’une portée utile plus importante, sera ensuite uniformément adopté dans l’infanterie. Les piquiers n’étant plus nécessaires, ils seront équipés de fusil, démultipliant ainsi la puissance de feu de la troupe et seuls les sergents serre-file garderont la pique pour conserver l’alignement des hommes cette fois.

La baïonnette avait une taille de 30 centimètres environ et  atteindra la taille réglementaire de 43 centimètres sous le 1er Empire et comme le fusil, elles équipent encore de nos jours, les armées du monde entier.