Mutzig 13 juillet

…Echo de Campagne…

 

Le 13 juillet dernier, les grognards furent conviés à Mutzig afin de participer au traditionnel défilé de notre fête nationale. C’était la quatrième fois que nous faisions partie de cette manifestation et franchement, cette fois, le ciel ne fut pas clément. Il pluvinait. Il faisait froid, trop pour la saison. Et nous étions mi-juillet.

Qu’importe ! Nous avions eu une feuille de route et nous devions nous y tenir. Nous étions demandés et nous nous devions de répondre à cet appel. C’est ainsi que nous prîmes rendez-vous pour 18 heures au Dôme de Mutzig comme nous en avons l’habitude maintenant. Jean-François et Stéphane étaient déjà présents lorsque le car de la BGHA pointa son pare-chocs au portail d’entrée.

Et comme d’habitude, nous prîmes possession des loges mises à notre disposition pour nous changer. Des cartes postales furent offertes à notre président bien aimé afin d’alimenter notre collection. Au moment où j’écris, une autre s’est envolée vers Cernay par la Poste. Une autre encore devrait venir de Suisse. Nous profitâmes de ce petit moment d’intimité pour évaluer le projet de diaporama que nous souhaitons présenter lors de notre concert de novembre. Toutes les anciennes photos ont été scannées et mises sur une clé USB confiée aux bons soins de Christophe. C’était une affaire qui roulait !

Vers 18 heures 45, nous nous réunîmes pour partager tous ensemble le pain et le vin autour de Gérard (pas Gé-zu). Rien n’avait en fait été prévu, et c’est alors que je fus témoin d’un événement extraordinaire. Saint Gérard multiplia les pains, les escalopes (nous sommes, en Alsace, loin de la mer NDLA) et changea l’eau en rosé Côte de Provence, devant nos yeux ébahis de disciples incrédules que nous fûmes. « Grognards de peu de foi ! Nous dit-il. Voici que le fils de son père est là, présent au milieu de vous et vous, vous doutez encore ! Voici des escalopes à la crème ; prenez et mangez-en tous car ça vient du Leclerc. Et voici du rosé de Provence ; prenez et buvez-en tous car c’est pas frais tout le temps ! » Puis il prit le pain et le rompit (le « rompit » n’est pas du fromage ! NDLA). « Vous ferez cela en mémoire de moâ pour les siècles des siècles. » Trahissant son émotion, le barman, un certain Judas, s’approcha de Gérard et l’embrassa.

Nous apprîmes plus tard qu’il s’appelait « Judas BRICOT le jeune », fils de « monsieur BRICOT l’âgé » qui fit fortune en ouvrant une quincaillerie au mont Golgotha prés de Cernay, en commençant par vendre des clous.

Repus de tant de bienfaits, nous partîmes porter la bonne parole et témoigner de ce qui nous était arrivé, dans les rues de Mutzig. Mais comme il faisait froid et humide. On aurait dit que novembre s’était donné rendez-vous avec juillet et que tous deux s’entendaient à merveille depuis plusieurs semaines. Jamais, nous n’avions vu si peu de monde pour cette manifestation. Nous donnâmes une très brève aubade, vers 20 heures devant une quarantaine de personnes, à peine plus, tant les intempéries se faisaient mordantes, incroyables pour la saison. Puis nous remontâmes vers la gare avec notre car pour former le défilé qui devait démarrer vers 22 heures.

Nous avions le temps de prendre un bon café et même deux, dans un restaurant jouxtant la voie ferrée. Nous en profitâmes pour aller d’un bon mot à l’autre et faire connaissance avec les autres groupes et les associations qui avaient préparé cette manifestation patriotique qui est l’un des fondements de notre identité quoique puisse en dire certains pisse-copie, personnages politiques ou les esprits chagrins de l’Education nationale pour qui traditions riment avec « ringardise » mais c’est là un autre débat. Ceux-là se rendent-ils compte qu’ils divisent la Nation contre elle-même. « Le doute est une maladie de foi ! »

Enfin, le crépuscule céda la place à la nuit et pour une fois, nous fermâmes le défilé à l’intérieur duquel s’illuminaient des centaines de torches et de lampions allumés pour l’occasion. Placés en queue du défilé, nous dûmes attendre encore une bonne heure avant de démarrer et de faire, usant de prosopopée, chanter nos tambours.

Ce démarrage fut long et fastidieux et nous vîmes avec plaisir l’enthousiasme des plus jeunes et des anciens, déguisés pour l’occasion en sans-culotte, en ci-devant, et même en Sansom au pied de sa guillotine. Mais qu’elle ne fut pas notre surprise de voir que malgré les intempéries, qui s’étaient maintenant éloignées, au fur et à mesure que nous remontions vers la rue principale, qu’elle s’était remplie de badauds.

En fait, le récit du miracle relaté plus haut s’était répandu comme une traînée de poudre et tous s’agenouillaient au passage de notre Saint président, quémandant une offrande, un geste, un regard, une bénédiction, une adresse mail. Quelques-uns s’approchèrent même avec des ciseaux, espérant s’approprier un morceau de guêtre ou d’habit-veste pour en faire une relique sans doute. Heureusement, le centurion Bertrus LECLUS veillait à ce qu’il n’arriva rien à l’auguste majesté. Nous terminâmes notre défilé par un retour au Dôme et assistâmes à un magnifique et traditionnel feu d’artifice donné pour l’occasion. Peu après, vers minuit, nous reprîmes le chemin de nos chaumières, laissant là les paupières se fermer. Il paraît que depuis que Gérard à quitter Mutzig, des fidèles viennent prier au « Dôme des lamentations » et y mettent dans les interstices qu’ils peuvent bien trouver, leur prière sur de petits papiers.

Campagne