Le plus jeune général

Portrait n92

Le plus jeune général de l’armée française

On a coutume de dire que Bonaparte est le plus jeune général de l’armée française. En fait, c’est une erreur. Bien qu’il soit indéniablement sur le podium, il n’est, tout est relatif, que le troisième général le plus jeune de l’histoire de France. Cependant, c’est bien la carrière militaire de ce jeune général, nommé le 22 décembre 1793, à 24 ans 4 mois et 7 jours, qui est la plus époustouflante quand bien même il fut porté par les évènements.
Je ferai état dans le présent article, des deux premiers laissant le troisième à sa postérité.
bgha_po_n92_jeune_general-01A) Le plus jeune né de sang noble ou pur* s’est rendu célèbre à la bataille de Rocroy. Il s’agit de Louis II de Bourbon-Condé, né le 8 septembre 1621 à Paris, d’une illustre famille, six fois ducs, deux fois comte, seigneur et premier prince de sang.
Après un apprentissage militaire au siège d’Arras, il reçut pendant la guerre de Trente ans, le 17 avril 1643, le commandement de l’armée royale. Il a alors 21 ans 7 mois et 9 jours. Il a sous ses ordres le vieux maréchal de L’hôpital, Jean de Gassion, maréchal de camp de la cavalerie légère, le marquis de la Ferté-Senneterre, général de cavalerie, le baron de Sirot commandant la réserve, le chevalier de la Vallière, maréchal de bataille et chef d’état-major, Henri de Chivré, marquis de la Barre, commandant l’artillerie et de Beaulieu, contrôleur général.
C’est contre l’avis de tous ces grands hommes que le jeune prince se lancera à l’assaut des Espagnols de Francisco de Melo et remportera la victoire.
Au soir de sa vie, Louis XIV le recevra en grande pompe en haut du grand escalier de marbre. Condé, perclus de rhumatismes, a de la peine à monter, fait un peu attendre le roi et lui présentera des excuses.
Il lui dira avec politesse : « Mon cousin, quand on est chargé de lauriers comme vous, on ne peut marcher que difficilement. »
La carrière militaire de celui qui deviendra le Grand Condé durera sept ans en réalité. A contrario, le second personnage qui va suivre, aura la plus longue carrière de général de l’armée française puisqu’elle durera 70 ans et 5 mois.
B) Ce second plus jeune général est issu de la Révolution et de l’Empire et s’est distingué à moult reprises tout au long de sa vie. Il s’agit de Jean Paul Adam Schramm, ne le 1er janvier 1790 à Arras, fils d’un sergent-major qui deviendra lui aussi général d’empire, Paul Adam Schramm.
Sa carrière commence alors qu’il a neuf ans en 1799 à la 2e demi-brigade d’infanterie légère. A dix ans, il est y nommé caporal et à quinze, il y est lieutenant. bgha_po_n92_jeune_general-02
En 1805, il se distingue à Amstetten et à Hollabrun. Après Austerlitz, Oudinot le propose pour la Légion d’Honneur. Il n’a pas seize ans. Il se distingue à nouveau et le 19 avril 1807, il est nommé capitaine par l’Empereur qui le place dans la Garde chez les fusiliers-chasseurs. En 1809, il se distingue à Essling et à Wagram.
Le 14 avril 1813, il est major (commandant) et le 2 mai, il se signale de nouveau à Lützen sous les yeux de l’Empereur qui le nomme colonel, le crée baron et le fait officier de la Légion d’Honneur.
C’est le 26 septembre 1813 que l’Empereur le nommera général de brigade à Pirna, après un énième haut fait d’arme. Il a 23 ans 9 mois et 25 jours et déjà quinze ans de service.
Le 1er juillet 1814, il rentre en France mais n’est pas employé. Il le sera brièvement durant les Cent-jours puis sera de nouveau sans emploi jusqu’en 1828, où il prend le commandement de la 1ère brigade de la 1ère division à Saint-Omer. Le 30 septembre 1832, il est nommé lieutenant-général. En 1837, il commande la 2e division d’infanterie.
En 1839, il prend part à l’armée d’Algérie et en 1840, il y est nommé chef d’état-major. En outre, il est, à partir de 1830, inspecteur général de l’infanterie et en 1849, président du comité d’infanterie. Il est créé comte le 29 août 1841. En 1850, on lui donne le portefeuille de la Guerre qu’il gardera 2 mois et demi. Il s’éteindra le 25 février 1884 à Paris. Il avait 94 ans.

Campagne
(Sources : Notice biographique, le Grand Condé, Wikipédia)
*Par opposition au « sang impur » dépeint dans notre Marseillaise par lequel Rouget de Lisle a voulu signifier que, face à l’émigration des nobles, de « sang bleu », c’était avec le sang du peuple qu’il fallait défendre la Patrie.