Le mot du secrétaire

Lettre ouverte en réponse à une lettre « anonyme » adressée à la B.G.H.A.

Ces derniers temps, notre Batterie a reçu une lettre non identifiable d’un certain Monsieur « SCHMITT Armand » déclarant demeurer dans le vignoble au pied des Vosges et grand admirateur, « fervent admirateur » (je cite), de notre groupe depuis vingt ans. Cela nous flatte bien évidemment puisque nous sommes là pour satisfaire ceux qui nous écoutent et nous y travaillons à force de répétitions tout au long de l’année. Ce qui nous étonne un peu, c’est la très grande modestie, rare de nos jours, de cet admirateur ténébreux, obscur, qui écrit nous suivre depuis vingt ans, avoir assisté à tous nos « superbes concerts » (je cite) et que jamais, il ne s’est manifesté auprès de notre formation. Nous connaissons pourtant bien certains de nos fidèles « admirateurs » qui eux, n’ont jamais hésité à venir nous saluer. Bref, Monsieur SCHMITT, puisque vous nous suivez partout, la prochaine fois, venez nous saluer. Nous serions heureux de faire votre connaissance.

Cependant, cher admirateur secret, discret, clandestin, impénétrable et furtif, il est une chose de se présenter comme un « fan » des Grognards et il en est une autre de se permettre de juger des orientations prises par notre groupe lesquelles le sont en toute collégialité lors de nos réunions quasi hebdomadaires, sous l’égide et l’autorité de notre comité de direction et de la personne de notre actuel président, également fondateur. Je crois qu’il nous faut vous le rappeler. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas chez nous de membre fantôme.

Ainsi, cher génuflecteur impétrant et impertinent, d’après votre courrier, il semblerait qu’il y ait une taupe chez nous, qui vous rapporte tous nos faits et gestes. Qu’à cela ne tienne puisque nous n’avons rien à cacher, nous. Ce qui est bizarre, c’est que chez nous, personne ne connaît de « Monsieur Schmitt ». Enfin, si, mais il est décédé, il y a neuf ans ! D’après vous, nous aurions laissé partir notre ancien tambour-major sans essayer de le retenir lequel avait, toujours d’après vos propres termes, « la classe, le prestige, le charisme, l’élégance et une direction impeccable qui transpirait sa passion ». Ben dites-donc ! Autant d’hypocoristiques pour un seul homme ! Même moi, cher monsieur, mon épouse n’y a jamais eu droit après 25 ans de mariage et quand parfois, je me laisse aller un soir, à trois mots doux les uns derrières les autres, c’est simplement que j’ai oublié son prénom. Franchement, chez vous, ça frise le « céladonisme » et vous devriez l’inviter à boire le thé, vous aurez certainement, des tas de choses à vous dire. Après votre rencontre, après autant de flatteries et de flagorneries, notre ancien tambour-major pourrait même devenir tellement imbu de sa personne qu’il risquerait de se promener tout seul en amoureux. Mais faites attention, cependant, la passion est ici écrite au sens latin du terme et parfois, elle mène à la folie. Néanmoins, de quel droit, sous couvert de quelle légitimité, vous immiscez-vous dans nos affaires ? Cela dit sans méchanceté aucune de ma part.

Nous aussi, nous sommes du genre tolérant et nous tenons à vous faire part, nous aussi, de notre déception et de notre indignation d’avoir un fan aussi infatué, aussi donneur de leçon et aussi borné. Mais en plus, vous avez l’outrecuidance de vous permettre de juger la personne qui le remplace aujourd’hui. « Elle ne lui arrive absolument pas à la cheville… » Je cite encore ici vos propres mots ECRITS. Mais vous, que connaissez-vous à la direction d’un groupe, que connaissez-vous à la musique ? Qui êtes-vous pour juger ainsi d’une personne ? En tous cas, vous, vous êtes sacrément culotté mais je ne suis pas sûr que ce soit là une qualité, sans méchanceté aucune de ma part.

Puis on continue. Dans votre cas, M. V…, puisque vous le citez, est irremplaçable. C’est comme Paris sans la Tour Eiffel … » Mais c’est de l’amour ça ! C’est vrai que vous auriez pu écrire « comme la propagande sans Goebbels, le nazisme sans Hitler ou le communisme sans Staline ». Ben, on va vous décevoir monsieur SCHMITT, puisque notre ancien tambour-major a été remplacé et notre groupe fonctionne toujours très bien depuis. Et puis, vous connaissez très bien les raisons du départ (volontaire) de notre ancien membre si cher à votre cœur. Ca transpire dans votre lettre, cher monsieur SCHMITT. Cela dit, sans méchanceté aucune.

On continue encore. Vous êtes venu nous voir à Neuf-Brisach et vous avez été déçu de nous voir jouer sur des tambours écossais en tenue Empire. Mais monsieur, les « tambours écossais » n’existent pas, c’est une expression interne à notre groupe. Le travail de notre taupe ??? Là encore, vous auriez dû venir nous saluer. Vous ne l’avez pas fait. Sommes-nous si laids ? Sentons-nous si mauvais ou avons- nous la bouche trop près du nez ? Par contre, vous semblez très bien vous remettre lorsque nous interprétons « le réveil de la Garde » (républicaine) et que l’un des nôtres joue en tenue empire du clairon, instrument qui n’existait pas à l’époque. Ca, ça semble ne pas vous « choquer ». Vous l’avez moult fois entendu puisque vous nous suivez si fidèlement. Je vous rappelle, cher monsieur, que nous sommes des musiciens et que nous jouons un répertoire très large comme nous l’avons toujours fait. J’ai alors l’impression que vous nous supportez comme on supporte une équipe de foot mais que vous allez nous supporter comme d’autres supportent leur femme ou leur belle-mère.

Ensuite, vous nous parlez d’un article de presse paru le 7 septembre dans un journal régional. Sachez, cher monsieur, que nous ne sommes pas maître de ce que la presse imprime. Puis votre syntaxe, vos termes redondants et votre phraséologie type, nous la connaissons que trop bien pour les avoir entendus des milliers de fois et supportés avec trop de patience. Vous nous parlez de mensonges mais regardez-vous donc le matin dans votre miroir et posez-vous la question de savoir qui vous êtes vous d’abord car derrière votre apparence et votre courrier, cher monsieur SCHMITT ou MULLER, MARTIN ou DUPONT, il n’y a qu’une façade, celle des gens creux sans envergure et qui plus est d’une grande lâcheté. Cela dit sans méchanceté aucune.

Pour finir, vous vous permettez de juger, encore, du chemin que prend la Batterie. Sur ce point, je peux vous rassurer ; la Batterie des Grognards de Haute-Alsace se porte très bien même si certains adorateurs du 1er Empire ne supportent pas de nous voir jouer sur des « tambours écossais ». Dites leur donc de notre part de revenir au XXIe siècle ! Les échos que nous avons eus, nous, de Neuf-Brisach notamment mais aussi de Monaco, lorsque nous avons joué devant le Prince Albert pour la soirée de clôture du Grand Prix de formule 1, étaient plus que jamais favorables et jamais personne ne nous a demandé où était notre membre démissionnaire. Soyez rassuré !

Enfin sachez, qu’il ne vous appartient aucunement de nous diriger ou de nous faire « corriger le tir » (je cite une dernière fois) dans les décisions et les objectifs que prend la Batterie et ce n’est pas l’avis d’un importun qui sèmera le doute chez nous. Vous vous dites un ancien musicien, cor de chasse et clairon, ben alors restez-le ! Le monde de la musique des cors de chasse et du clairon tourne sans vous. Cela dit sans méchanceté aucune.

Très cordialement.