Erstein 25 aout

Echo de Campagne gazette n91

 

Erstein

 

Le 25 août dernier, les grognards avaient rendez-vous au sud des îles Kirsch, à Erstein. La ville sucrière qui nous avait ouvert les bras, pour son traditionnel corso fleuri ou « mesti ». La météo était très incertaine et des hallebardes tombaient ça et là depuis deux jours et ce 25 août, curieusement tout autour de cette sous-préfecture. Nous n’étions pas tranquilles et nous ne devions pas être les seuls.

Nous nous sommes retrouvés salle « Herrinstein » vers onze heures et nous prîmes nos dispositions pour un repas qui nous était préparé sous les murs de la vénérable église Saint-Martin. Cette église eut l’heur de voir les généraux Leclerc et de Gaulle pour la première messe de minuit célébrée en Alsace libérée, en décembre 1944.

Aujourd’hui, le ciel était menaçant mais nous déjeunâmes dans la bonne humeur. Puis, le cœur léger et le ventre lourd, nous regagnâmes notre tanière pour commencer notre digestion dominicale d’abord et revêtir nos déguisements ensuite.

Vers 14 heures, nous commençâmes à sortir et à nous mettre en place. La foule se faisait plus compacte de minutes en minutes. Nous entendions constamment qu’il pleuvait ici ou là mais pour l’instant, à Erstein, rien. Tant mieux !

Nous nous mîmes en place dans un cortège splendidement coloré. Nous attendîmes encore quelques minutes et un mouvement ondulatoire caractéristique nous indiqué que nous allions nous ébranler rapidement. « Non, Eric, pas nous … rapidement ! »

Et c’était parti pour deux tours de « piste » dans les rues ersteinoises. Pour une fois, les badauds remplissaient les trottoirs pour admirer le spectacle offert. C’était réconfortant. Un moment même, nous fûmes accostés par un sujet de grâcieuse majesté qui nous fit savoir, en amateur éclairé, qu’il appartenait en Grande-Bretagne, à un régiment de reconstitueur de l’époque napoléonienne. Deux, trois mots furent échangés sur le bord de la route, quelques photos plus tard et l’échange d’une carte de visite, nous laissâmes notre sympathique visiteur pour poursuivre notre périple.

Un peu plus tard, devant la tribune officielle, sur la place de la mairie, cernés par la foule, nous jouâmes notre rigodon suivit de l’escarmouche qui fit forte impression. Puis nous continuâmes notre chemin pour nous rendre à notre point de départ et clore cette petite journée.

Enfin, nous posâmes nos instruments dans notre vestiaire improvisé et nous nous mîmes à l’aise. C’est qu’il faut le porter notre tambour ! Nous prîmes ensuite, ensemble, un verre, somme toute, bien mérité. Nous parlions de la pluie et du beau temps, du beau temps et de la pluie.

Philippe cherchait quelque chose à manger et furetait comme un animal aux aguets, à l’arrêt, l’oreille dressée, la patte redressée, prêt à bondir et la truffe au vent dans la direction de l’odeur d’un sandwich-merguez que seul, lui, peut renifler à plusieurs kilomètres.

Vers dix-sept heures, nous levâmes le camp. Notre grenadier, venu en voisin, dut rentrer chez lui tandis que le reste de la troupe reprit le chemin du car et la direction de Bollwiller. Ce fut comme toujours une scène d’adieu déchirante. Gérard, ému, retenait ses larmes. Cynthia quant à elle, pleurait tout ce qu’elle pouvait et même Jean-Maurice laissait passer un sentiment d’émotion. Il est parfois difficile de dire au revoir sans avoir subitement les yeux qui perlent mais pour éviter cette scène stupide qui nous laisse un sentiment d’abandon, on s’en va, sans se retourner pendant que le car emmène à l’horizon ses compagnons. C’est chaque fois une tragédie grecque et comme pour ajouter au drame, c’est à ce moment que les vannes célestes s’ouvrirent et déversèrent sur la plaine du Ried des trombes d’eau. Et je ne suis même pas payé pour écrire des conneries !

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