Le Fusil

L’origine.

Au XVIIe siècle, les fusils sont fabriqués par des entrepreneurs privés sur commande de chaque régiment. En 1667 LOUVOIS, grand réorganisateur de l’armée royale, crée un monopole de l’approvisionnement qui sera supprimé par le maréchal de Villars qui laissa à la place un service d’inspection. Durant de nombreuses années des études aboutirent à un fusil unique pour l’armée qui sera adopté en 1717. Il sera modifié en 1728, en 1754, en 1766 et en 1771. Enfin Honoré BLANC conçut en 1775 un fusil qui sera adopté deux années plus tard et qui prendra le nom de « 1777 ».

Les premiers fusils.

En ce qui concerne le fusil des grenadiers de la Garde, il s’agit d’un modèle très proche du 1777 modifié An IX. Les origines de cette arme remontent à nivôse de l’An V. A cette date, une commande de 1600 pièces et passée à la manufacture d’armes de Versailles pour l’armement des grenadiers à pied de la Garde du Directoire. Ce fusil a été élaboré par Nicolas BOUTET en collaboration avec Edme REYNIER, un arquebusier renommé, instigateur du modèle An IX. Les finitions de ce fusil sont très soignées. Des garnitures en laiton viennent rehausser le bois sélectionné dans un noyer rougeâtre particulièrement choisi. Ce type de fusil sera le précurseur du modèle de la Garde Impériale.

Le modèle de la Garde.

Les premières fabrications du fusil de la Garde débutent en l’An IX avec une production de 1071 exemplaires. Cette nouvelle arme se distingue de la précédente par sa platine de type An IX. Il est d’une longueur totale de 1m52 pour un poids de 4kg5. Le canon mesure 1m137. La crosse du fusil de la Garde ne possède ni la joue en relief de son aîné, ni la joue creuse des modèles An IX. Au niveau des garnitures, quelques différences sont à noter. Elles sont toujours en laiton. Tout d’abord la plaque de retour de crosse est taillée en forme de grenade et la vis de retour de crosse est déplacée vers le haut au centre de celle-ci est non à la base. Cette disposition permettait la pose d’un matricule. La contre-platine se voit allégée et son décor s’agrémente de deux petits tétons l’un au-dessous de la vis sise en face du chien, l’autre en vis-à-vis du pontet. Le bois est toujours rouge foncé et le canon poli est presque blanc. Cette arme élégante a cependant un défaut car les garnitures sont plus sensibles à la déformation que leur sœur en fer des fusils de la ligne. Tout cela influe également sur le coût d’un tel objet puisque le fusil de la Garde revient à 39 francs contre 29 pour un de la ligne.

Les fusils de la Garde sont entièrement réalisés dans les ateliers de Versailles à l’exception des canons qui proviennent de Liège pour la plupart ainsi que certains corps de platine. Au total, 10256 fusils seront produits pour les besoins de la Garde Consulaire puis Impériale (1er régiment de grenadiers, 1er régiment de chasseurs, du régiment de grenadiers hollandais et certains éléments des marins de la Garde).

Poinçons et marquage.

La manufacture de Versailles était dirigée par N.BOUTET assisté de JACQUESSON, inspecteur, DESCHANEAUX et CAZAMAJOU, 1er et 2ème contrôleur, NICAISE, GODMAS, LE FEBVRE et DOMBRET, réviseurs.

Sur la platine, le marquage « Mre Imple de Versailles » (Manufacture Impériale de Versailles) fait suite à « MLE IMPLE A VLLES ». Sur le canon, la face gauche on trouve l’année de fabrication précédée d’une lettre. Sur la partie droite, les initiales « EF » indique « Empire Français ». Souvent également un « L » apposé sous le tonnerre du canon attestait de la provenance liégeoise de ce dernier. Les autres poinçons peuvent être l’initiale des personnages cités plus haut : « J » de l’inspecteur JACQUESSON, « G.S. » pour le sieur GODMAS etc. Les garnitures sont également poinçonnées de l’initiale de tel ou tel contrôleur.

Tous ces poinçons démontrent la grande qualité et le soin apporté à la finition du fusil de la Garde et son coût supérieur de 35%. Mais rien n’était assez beau pour les « vieilles moustaches » que l’Empereur affectionnait tant.

Source : Le fusil de la Garde – H.VUILLEMIN

Les armes de guerres portatives

Règlement de proportions du fusil d’infanterie 1777