Le Drapeau

L’Aigle du 1er Grenadiers à pied de la Garde

A) L’origine.

C’est à partir du 12 juin 1804( 23 prairial de l’An XII) que le Conseil d’Etat discute sur le symbole du tout nouveau régime. Après avoir éliminé tout le vexillaire héraldique (les épis de blé, la chouette, les feuilles de chêne etc.) le choix de Napoléon se porte sur le lion avec pour devise : « Malheur à qui me cherche ». Après réflexion, il abandonne cette idée le 10 juillet suivant ; le lion par trop britannique et la devise trop guerrière. Suite à l’abolition de l’Ancien régime, la seule référence qu’avait l’époque étant la République et la Rome antique, c’est naturellement que le choix de l’Empereur se porta vers l’aigle dit à la Romaine.

B) L’Aigle

Le 27 juillet 1804, Napoléon décide, alors qu’il est au camp de Boulogne-sur-Mer, dans son quartier général sis dans le petit château de Pont-de-Briques, une petite bourgade à l’entrée de Boulogne, que les Aigles seront dorées et placées au sommet de la hampe des emblèmes tricolores et qu’ils en seront la partie essentielle avant les couleurs nationales. L’emblème fut dessiné par Isabey, sculpté par Chaudet et fondu par Tromire.

Chaque Aigle aux ailes déployées est dorée à l’or fin et montée sur un caisson portant une douille de fixation vissée au sommet de la hampe de chaque drapeau avec en principe le numéro du régiment sur l’avers du caisson. Un « I » romain sera celui de 1er Grenadier. D’une finition parfaitement soignée, d’une hauteur de 30 à 31 cm et pesant jusqu’à 2 kg chacune des Aigles est facturée en moyenne 145 francs de l’époque.

Ayant décidé en tant qu’Empereur de distribuer de nouveaux drapeaux, étendards et guidons (le premier étant pour l’infanterie, les seconds pour la cavalerie), la fabrication commença en août 1804. Afin de palier à la commande d’un millier de pièce et d’aller plus vite, la fabrication en fut confiée à deux ateliers spécialisés : les maisons Chaillot et Picot, d’où le nom du modèle.

C) Le drapeau

C’est un carré de 80cm de côté (60×60 pour les étendards et 60×80 pour les guidons) peint sur l’avers et le revers. Chaque face, l’avers et le revers, est en taffetas de soie peinte d’or et d’argent. L’étoffe était huilée d’une huile offrant la particularité d’éviter toute transparence et cloué à la hampe par 18 clous dorés et bombés, appelés « bossette ». La hampe est en bois de frêne et mesure entre 1m90 et 2m50. Il n’y a pas de norme quant à cela. Le bas de celle-ci s’enfonce dans un talon de laiton doré d’une dizaine de centimètre afin d’éviter le pourrissement du bois au contact du sol.

Le triangle bleu se trouve toujours en haut du côté de la hampe et de 1804 à 1812, il n’y a ni cravate, ni écharpe tricolore. Le carré central est lauré sur son périmètre de huit branches de lauriers portant chacune une douzaine de feuilles fruitées. Les inscriptions y figurant en son centre sont, sur l’avers, toujours identique : « L’EMPEREUR des Français au … » ou « à la … ». Dans chaque coin de l’étoffe figure au centre du triangle coloré le chiffre du régiment qui est lui aussi lauré. Sur le revers y figure une devise qui reste encore de nos jours : « VALEUR et DISCIPLINE ». Toutes ces inscriptions sont peintes à l’or moulu, ombré de brun.

Le coût d’un tel objet revenait à 168 francs de l’époque.

Enfin dans le langage vert et imagé des hommes de troupes, l’Aigle, emblème sacré entre tous pour les troupiers, était surnommé affectueusement « le coucou » par ces derniers.