L’AG de la BGHA

L’ouverture de l’Assemblée Générale de 1411

Exceptionnellement, l’assemblée générale des grognards s’est déroulée en janvier, le 20. C’est qu’en octobre dernier, nous étions tous fort occupés.

Ainsi donc, nous avons décidé d’un commun accord de reporter cette auguste assemblée, une première fois en décembre et une seconde fois en janvier. Il nous est apparu comme évident que faire cette assemblée après les fêtes fut plus raisonnable. En décembre, après une année de travail intensif et pour cause, nous avions jugé nécessaire de faire une pause.

Donc, après la Saint-Sylvestre, les petits courriels et courriers ont commencé à fuser entre les membres de notre comité afin de préparer en deux heures une AG qui se devait pour une fois d’être brève. Et elle le fut. Comme quoi, il n’y a pas eu besoin de s’éterniser et de discuter de vingt-cinq points de détails pendant des heures.

Avec l’aide des principaux intéressés, notre secrétaire a préparé une présentation diapo sur ordinateur portable pour la deuxième fois afin de se mettre au goût du jour. Gérard a emprunté un vidéo-projecteur et le mur de notre salle fit office d’écran géant. Fini les transparents à papa !

Il était donc une fois, dans un petit village alsacien répondant au nom d’Uffholtz, il y a bien longtemps, vers 19 heures, un gentil secrétaire qui arriva le premier à la salle Napoléon. Il faisait noir et le froid commençait à mordre au balcon. Alentours, dans les forêts voisines, on entendait déjà les hurlements sinistres des loups affamés. Mais s’armant de bons sentiments, il attendit patiemment que veuille bien se montrer son président. Ce qui était bien normal puisque c’est lui qui détenait les clés du local. Quelques minutes plus tard, c’est quand même un peu en retard qu’il pointa le bout de son nez, le sourire aux lèvres et les mains pleines de papiers. Il chantonnait guilleret un air, tout heureux qu’il était, de voir son secrétaire. « Vite ! Vite ! Tire la bobinette pour faire cherrer la chevillette ! » Dit ce dernier frigorifié. Les loups alentours lui rappelant la scène culte du film « Prends-moi vite, petit chaperon rouge ! » de Perrau’X.

C’est ainsi qu’après avoir ouvert la lourde et massive porte, ils entrèrent, à l’aide du présidentiel sésame, d’abord dans l’antichambre du château. Fermant cette dernière derrière nous, tout devint maintenant silence et calme. Puis gravissant l’escalier monumental en marbre de Carrare, leurs pas s’étouffaient sur une moquette pourpre, délicate à souhait, posée sur le giron de chaque marche, jusqu’à les mener dans la salle d’arme attenante à celle du conseil. Elle était finement décorée de stuc et d’or fin, de tapisseries d’Orient et de tableaux. Comme c’était beau tous ces tableaux ! Là, le président à la bataille de Magenta. Ici, le président à la bataille de Coucy ou encore, le président à la bataille d’Angkor. Les tentures de lourd velours rouge pendaient majestueuses derrière de hautes fenêtres aux vitres multicolores qu’éclairait la lumière blafarde d’une lune gibbeuse, timide et froide. Les candélabres en fer forgé, disposés le long des murs, leurs offraient eux, une lumière tamisée, presque surnaturelle, qui formait une sorte d’aura sur l’auguste visage du président tout baigné de majesté que, tel un séide fanatique et dévot, le secrétaire suivait aveuglément.

Puis, ils entrèrent dans la salle du conseil, le saint des saints, où devait se tenir un peu plus tard, la table ronde, l’assemblée générale. C’était un autre monde et ici, dans quelques minutes, de graves décisions devraient être prises. Le secrétaire savait qu’il y était souvent question de blé ou d’oseille dans cette salle du conseil. Austère, spartiate mais fonctionnelle, cette salle n’attendait plus que se présentèrent les preux chevaliers.

Tout était déjà fin prêt. Le président avait déjà bien travaillé durant la journée. C’était maintenant au secrétaire de s’activer. Il s’empressa de déposer devant les sièges des dignitaires, les parchemins adéquat qui en peau de chagrin, qui en basane ou en vélin, suivant leur rang et leur qualité. Ici, se tiendrait le chevalier Jean François de Thévenin, maréchal de camp, là, le très vénérable Jean-Maurice de Guebwiller, à ses côtés, le grand chancelier du coffre Stéphane Ridé de Téschado, de la banque Téschado Ltd corporation and C°. Les dames seraient aussi présentes car il y aura ce soir trois adoubements lesquels seront suivis d’un banquet. Aussi, les princesses Cynthia de Kingersheim, Christelle de Suarce et Anne-Catherine de Uffholtz porteront leurs plus fines toilettes et leur hennin des jours de tournoi et de fête. Après les cérémonies, seront fait chevalier de l’ordre de Weyer dans le courant de la nuit, les sieurs Dominguez, qui vient de la cour du Portugal, Schaeffner, envoyé extraordinaire de son altesse Friedrich IV de Prusse, et Silvert, qui revient après de nombreuses années d’études passées à l’étranger. Ce soir, sera donc un grand moment. La bacchanale a été préparée spécialement pour l’occasion avec un soin jaloux reconnu de tous, par le maître-queue personnel du président. Il est nommé le sieur Christophe de Jolly, grand intendant des cuisines du Palais. C’est pour cela que la table se doit d’être de fête.

C’était là, le programme de cette soirée extraordinaire et c’est ainsi que commença l’assemblée générale ordinaire de la BGHA. Enfin…presque !

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